Comme c’est le cas pour bien des artistes qui n’entrent pas dans un moule, Kane Brown a dû chercher un peu avant de savoir qui il était. Né dans les années 90, couvert de tatouages, élevé par une mère blanche et par un père noir et cherokee, il n’avait vraiment pas l’air country. En tout cas, pas aux yeux des gens qui aiment ériger des barrières. Le fait qu’il ait lancé sa carrière par le biais de Facebook en reprenant des pièces de George Strait et de Lee Brice – souvent à partir de la maison de sa grand-mère – ne correspondait pas non plus à l’image convenue. Certains commentateurs conservateurs pensaient même que le chanteur était un canular, une fabrication de toutes pièces de l’industrie.À cela s’ajoutait sa musique elle-même : traditionnelle, mais également élaborée et contemporaine, avec de petites insertions de pop, de R&B et de hip-hop. Sa voix de baryton pouvait rappeler celle de Randy Travis, si celui-ci avait été accompagné d’une ballade slow jam des années 90 – un amalgame qui cristallisait bien le son de plus en plus diversifié et raffiné du country des années 2010. Son premier album, Kane Brown, est sorti en 2016. Experiment a suivi deux ans plus tard, avec un style, une voix et un répertoire plus poussés. À la sortie de ce deuxième enregistrement, un Brown détendu, confiant et reconnu par le milieu expliquait à Apple Music : « À mes débuts, tout le monde me demandait comment qualifier mon son, et je ne savais jamais quoi répondre. Aujourd’hui, si vous me le demandez, je vous répondrai : “C’est du Kane Brown”. »